Un patrimoine disparu : la draperie du Volvestre

Écrit par J.M. Minovez 10-01-2007

Connaissez-vous l’abouchouchou du Volvestre? Et savez-vous que le Volvestre (Montesquieu et Sainte-Croix surtout, Cazères, Carbonne et Saint-Elix aussi) a été autrefois, avec le Comminges, une grande région d’industrie textile ?

C’était aux XVIIe et XVIIIe siècles. Des milliers de paysans pauvres fabriquaient chez eux des étoffes en laine (les draperies) qu’ils allaient vendre au marché. D’autres travaillaient pour des marchands qui leur fournissaient la laine, achetaient leurs produits et leur imposaient leurs conditions. Il y eut même une véritable manufacture à La Terrasse, au sud de Carbonne, qui devint manufacture royale sous l’impulsion d’une famille d’entrepreneurs, les Marcassus.

Beaucoup de laine venait d’Espagne et les draps étaient de toutes qualités : il y avait des droguets façon d’Angleterre, des londrins, des cadis, des segovianes et… des abouchouchous !

Les négociants de Marseille les écoulaient dans tout le Levant, d’Alep à Smyrne et à Istanbul où la cour du sultan était grosse consommatrice de draps les plus fins (les mahoux). D’autres partaient pour l’Espagne et ses colonies américaines, participant ainsi au grand commerce atlantique.

De cette proto-industrie, qui périclita à la fin du Premier Empire, il ne reste rien, ni métier à tisser en bois, ni pièce de drap dans les armoires, ni mémoire individuelle ou collective. Seul le grand nombre de moulins à blé, qui ont souvent succédé à des moulins foulons, rappelle cette activité d’autrefois. Mais il y a les archives qui permettent de faire resurgir du passé un patrimoine disparu insoupçonné.

J.M. Minovez, L’impossible croissance du Midi toulousain ? Origines d’un moindre développement, 1661-1914, Paris, Publisud, 1997.