Montsaunès : la commanderie et l’église

Ecrit par Ch. Lalanne, G. Pradalié 27-05-2012

L’église de la commanderie de Montsaunès est célèbre pour l’originalité de son décor peint.

En latin du Moyen Age, Montsaunès se disait Mons Salnensis (qu’on pourrait traduire Mont-en-Saunois) ou Mons Salnerium (Mont-Saunier). Montsaunès est situé sur un chemin du sel qui relie Salies à la Garonne et à la grande voie nord-pyrénéenne Toulouse-Bayonne.

La commanderie du Temple, fondée vers 1150, en contrôle peut-être le trafic et en tire des revenus. Elle est l’œuvre de la noblesse locale qui la comble de donations, en échange desquelles certains de ses membres y sont admis comme chevaliers : comtes de Comminges, familles de Montpezat, Roquefort, Coutz, etc., mais pas les Montespan. En 1312, lors de la suppression de l’ordre du Temple, elle passe aux Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, plus tard ordre de Malte.

La commanderie en 1781 (AD31 Malte Reg.504)

La commanderie a beaucoup changé au fil des siècles.
Au Moyen Age, il y a une tour et un mur d’enceinte.
En 1397, le commandeur autorise les habitants à construire un fort dans son périmètre et à s’y réfugier. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, il n’est plus question que de deux grands bâtiments de 3 et 4 étages disposés en équerre au nord de l’église. En 1781, le grand fossé qui les protégeait à l’ouest est déjà comblé en partie

 

De la commanderie d’autrefois et de ses avatars successifs, seule reste aujourd’hui l’église paroissiale qui se dresse dans un isolement artificiel. C’est un grand édifice de briques à nef unique qui remonte à la fin du XIIe siècle

Portail occidental

Chevet

Elle est remarquable par les chapiteaux de ses portails et par son décor peint intérieur. Les chapiteaux romans sont parmi les plus beaux du Comminges. Au portail ouest, ceux de gauche représentent des scènes des Actes des Apôtres (crucifixion de St Pierre, lapidation de St Etienne, etc.)

Crucifixion de Pierre

Lapidation de saint Etienne

Ceux de droite illustrent des épisodes de l’Evangile (résurrection de Lazare, Noli me tangere, etc.).

Résurrection de Lazare

Noli me tangere (ne me touche pas)

 

Au portail nord, les chapiteaux rappellent différents épisodes des Evangiles de l’enfance. A gauche : l’Annonciation, la Visitation, le songe de Joseph, la Nativité.

A droite : le bain de Jésus par les sages-femmes, l’annonce aux bergers, l’adoration des mages répartie sur 2 faces d’un même chapiteau, de telle manière que la Vierge et l’enfant forment une Vierge en majesté caractéristique du courant marial commingeois

Chapiteaux de gauche

Chapiteaux de droite

L’intérieur de l’église est remarquable par son décor peint de la fin du XIIIe siècle ou du début du XIVe siècle. Les murs et la voûte offrent des peintures à l’iconographie très variée qui ont souvent donné lieu à des interprétations ésotériques. La voûte est semée de rosaces ou d’étoiles.

Voûte de la première travée est

Voûte des deux travées ouest

 

Sur les murs courent des décors géométriques, frises de damiers, festons, chevrons, etc. Il y a aussi, sur le mur occidental, un mystérieux rectangle (évocation du nombre d’or ?) surmonté d’un sagittaire.

Sur les murs latéraux, des prophètes ou des saints confesseurs s’abritent sous des arcades

Décor du mur occidental

Mur nord, prophètes

 

 

La pesée des âmes (vers 1300)

Dans cette Pesée des âmes à connotation égyptienne, le démon à tête de canidé (Anubis) tente d’infléchir en sa faveur le plateau de la balance portant les âmes des défunts.

 

Les peintures les plus récentes datent du  XVIe siècle. Elles sont très abîmées, mais on peut encore discerner un Jugement dernier et une autre Pesée des âmes.