Carbonne, la bastide et le fort

Écrit par A. Lagarde et G. Pradalié    04-07-2011

A Carbonne, ce qu’on appelle la bastide n’est qu’un quartier de la bastide originelle fortifié lors de la guerre de Cent Ans.

Carbonne est née d’une grange (c’est à dire une grande exploitation agricole) appartenant au monastère de Bonnefont. En 1256, en raison des difficultés qu’il rencontre à en mettre les terres en valeur, Bonnefont s’associe à Alfonse de Poitiers comte de Toulouse pour la transformer en bastide. Les deux coseigneurs, l’abbé de Bonnefont et le comte de Toulouse (plus tard le roi), associés dans un paréage, lui octroient des coutumes, une administration municipale (consuls) et s’en partagent les revenus fiscaux et judiciaires.

 

 

 

 

De cette vaste bastide qui abritait une communauté juive et qui s’étendait à l’origine jusqu’à la pointe sud du méandre de la Garonne, il reste un quadrillage de rues et de chemins, une grande église à sa mesure et les vestiges d’un pont maçonné.

Plan général
(cadastre 1835, AD 31)

 

 

 

 

L’église Saint-Laurent est longue de 48 m. Sa nef unique et ses chapelles entre les contreforts appartiennent à l’architecture de briques du gothique méridional. A l’origine, elle n’avait à l’ouest qu’un clocher-mur dans lequel s’ouvre encore un beau portail du début du XIVe siècle.

 

 

Eglise Saint-Laurent (vue du sud)

 

Portail (vers 1300)

 

Les chapelles remontent, pour les plus anciennes, au XVIe siècle, comme celles de l’est : au nord la chapelle de la Vierge, au sud la chapelle du Sacré-Cœur. Contigüe à cette dernière, la chapelle du Crucifix abrite un magnifique Christ en bois (classé) d’inspiration espagnole.

Christ XVIe

Chapelle du Sacré Cœur, un musicien

Le chœur pentagonal et voûté d’ogives est occupé par un grand retable du XVIIIe siècle.

Retable du chœur

A l’ouest, un impressionnant clocher-tour quadrangulaire qui daterait du début du XVIIe siècle s’appuie contre le vieux clocher-mur qu’il masque. Un porche moderne le précède.

Clocher-tour vu de l’ouest

Clocher-tour vu du sud

La construction de la bastide dans la deuxième moitié du XIIIe siècle s’accompagne aussi de celle d’un pont qui la relie à la rive droite du fleuve, à la vallée de l’Arize et au Volvestre dont elle devient le débouché. De ce pont emporté par une crue en 1456 et remplacé par un bac, le « bateau à corde », subsiste une impressionnante culée, le pila. Au même endroit se trouvait le port fluvial en activité jusque vers 1850.

 

 

 

Le Pila

 

 

Carbonne, éprouvée par la peste de 1348, est détruite en 1355 par l’armée du Prince Noir, fils du roi d’Angleterre, au retour de la grande expédition de pillage qui l’a amené jusqu’à Narbonne. L’année suivante, le roi de France Jean le Bon autorise ses habitants à la reconstruire dans la partie nord du site, à l’endroit le plus resserré du méandre et le mieux protégé naturellement, et à l’entourer d’une fortification (galets).

 

Mur nord (détail)

Mur est (fenêtre en arc brisé)

Ainsi voit le jour la bastide actuelle qui est en fait un réduit fortifié ou fort villageois, comme il s’en construit à l’époque dans la région (Le Plan, Palaminy). Il a la forme d’un trapèze. Ses deux grands côtés au nord et à l’ouest, qui enserrent le quartier du Barriot, mesurent environ 200 m. de long.

Il s’organise selon trois rues parallèles nord-sud, qui d’un côté se terminent en cul-de-sac et de l’autre donnent sur l’extérieur par une porte fortifiée: Saint-Antoine au sud, Saint-Jacques et Notre-Dame au nord.

Le fort d’après le cadastre de 1835

(AD 31)

1 : porte Saint-Antoine

2 : porte Saint-Jacques   

3 : porte Notre-Dame

La tour dite du gouverneur

Le Barriot, maison dite du gouverneur

Par manque de place on ne peut aménager en 1418 qu’un petit lieu de culte : la chapelle Saint-Jacques, qui dans son état actuel date de 1620.

Chapelle Saint-Jacques, devant d’autel (La Cène)

 

La halle

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la ville se libère de son corset.

On supprime les portes, on ouvre les rues dont celle de Salles (sur-Garonne)

à l’ouest à travers le rempart, lequel est peu à peu démoli ou privatisé alors que les fossés sont comblés.

Une halle aux grains est construite en 1843.

Entre-temps, en 1780, Carbonne a été à nouveau dotée d’un « pont de pierre ». Construit sur les plans de l’architecte toulousain J.-M.Saget, il franchit la Garonne à l’extérieur.

Le pont sur la Garonne