Saint-Martory

par G. Pradalié 2014 (site patrimoine et paysage en Volvestre)

A l’époque romaine, Saint-Martory s’appelait Calagorris. C’était un important nœud routier où une route sud-nord venue de la cité des Consoranni (Saint-Lizier) rejoignait la grande voie romaine est-ouest Toulouse-Dax.

A Calagorris, pour éviter les falaises de l’oppidum de l’Escalère en amont, la voie de Toulouse quittait la rive gauche de la Garonne, franchissait le fleuve sur un pont (dont il reste des maçonneries dans la pile du pont médiéval disparu, en aval du pont actuel) et repassait sur la rive gauche un peu plus loin, sur un autre pont, à Apas.

  Pile du pont médiéval, l’avant-bec

On ne sait pas à quelle époque un pont médiéval remplaça le pont romain au même endroit. Au Moyen Age, une tour-porte le fermait du côté de la ville, laquelle était fortifiée et entourée d’une enceinte.

 

 

Bouche à feu, place de la Bascule

 

 

 

 

 

 

 

Un fossé doublait cette enceinte à l’est, au nord et à l’ouest. On connaît au XVIe siècle le nom de deux portes, porte des Sarrasins à l’est, porte du Barrerat au nord.

Fortifications et ponts (cadastre de 1807)
En rouge, l’ancienne enceinte et le pont médiéval (A)
En vert l’agrandissement du XVIIIe siècle et le nouveau pont
1 Porte des Sarrasins
2 Ancienne porte du Barrerat
3 Porte du Barrerat (XVIIIe siècle)

 

 

Deux siècles plus tard, le village est l’objet d’un agrandissement. Un nouveau quartier lui est adjoint à l’ouest où le large fossé, une fois comblé, devient la Rue du pont. Les arcs surbaissés des façades y appartiennent à un même programme architectural.

Rue du Pont, au fond porte du Barrerat

  Rue des Nobles: claveau enseigne de maréchal-ferrant

Le pont à 3 arches de Saint-Martory, long de 80 m, a été commencé en 1724 à l’initiative et grâce aux générosités d’un évêque de Comminges, Mgr de Lubières, le fondateur de l’Hôpital de Lorette à Alan. En 1740, il était toujours en construction.

 

Le pont et le village

Une porte monumentale, dont l’arc est en anse de panier, lui donne accès sur la rive droite. Elle est peut-être l’œuvre du grand intendant d’Etigny (1751-1767), avec l’actuelle porte du Barrerat, sur la rive gauche, à l’extrémité nord de la Rue du pont. Elle s’orne en tout cas des symboles de la monarchie française: le coq (gaulois) et le soleil avec la devise (de Louis XIV): Nec pluribus impar.

Porte sud en anse de panier

 

 

 

 

Le coq gaulois

 Le soleil de la royauté

L’église a pour patron Martiri ou Martori, moine qui aurait vécu en Asie Mineure, peut-être au VIe siècle après J.C. Elle s’élève, à l’est du village, en bordure de la voie romaine dont on a retrouvé des vestiges en 1962 lors de l’érection du menhir de Peyrohitto. L’édifice actuel date du XIXe siècle. Il s’ouvre par un portail roman qui provient de la salle capitulaire de Bonnefont.

Le portail de l’église

A l’intérieur, dans une chapelle nord, la grande croix de pierre de la Crucifixion, finement ciselée, proviendrait aussi de Bonnefont.

  La croix de Bonnefont

Une autre chapelle abrite la sépulture de la princesse de Berghes, châtelaine de Saint-Martory (+1841), pour laquelle son mari fit réaliser par le peintre Hippolyte Flandrin, élève d’Ingres, une émouvante Mater dolorosa.

Epitaphe de la princesse de Berghes

Hippolyte Flandrin, Mater dolorosa

C’est à Saint-Martory que prend naissance le canal d’irrigation de Saint-Martory. Creusé à partir de 1866, il parcourt environ 70 km jusqu’à Toulouse (La Ramée).

Sur la rive droite, à côté du vieux moulin, le passelis rappelle qu’autrefois le fleuve était descendu par des radeaux et leur chargement.

Le passelis et l’église

Dans le faubourg, la chapelle de Saint-Roch est ornée d’une belle fresque circulaire du XIXe siècle représentant le village de Saint-Martory.

 

 

Fresque de la chapelle Saint-Roch, le pont et le château

 

 

 

 

 

 

 

 

Le château de Saint-Martory date de la première moitié du XVIe siècle. C’est un bâtiment Renaissance de forme rectangulaire qui s’appuie au sud-ouest sur une grosse tour ronde sans doute antérieure. Une tour polygonale en hors d’œuvre au centre de la façade abrite l’escalier qui dessert les différents niveaux. Les fenêtres, dont les plus grandes sont à meneaux, ont été reprises au XIXe siècle.

Le château vu de l’est

Cet élégant manoir est l’œuvre des Montpezat qui peu avant 1500 abandonnèrent leur vieux château incommode pour s’installer en bordure de la Garonne. Vers 1860, il a fait l’objet de transformations, notamment à l’intérieur, de la part de son propriétaire le prince de Berghes qui possédait aussi le château de Ligny dans la vallée de l’Arize (voir Les Salenques et Ligny).

Armoiries des Montpezat