35 La bastide de Montesquieu-Volvestre

Écrit par M.-C. Gunst et A. Berthoumieux    10-09-2010

Montesquieu-Volvestre est une des plus grandes bastides du Toulousain.

En 1238 Montesquieu est un castrum (ou castel en langue d’oc), c’est-à-dire un village groupé autour ou au pied de son château sur motte : le Castéra. Le comte de Toulouse Raymond VII, l’ayant confisqué à Gentille de Gensac, décide vers 1246 de le reconstruire un peu plus bas dans la vallée. Dans les années qui suivent, il reçoit l’appellation de bastide qu’il conserve aujourd’hui

La motte du Castéra (vue partielle)

 

Le nouveau village s’installe au pied de la colline du Castéra et occupe à l’origine tout l’espace compris entre le ruisseau des Lombards à l’est et l’Arize à l’ouest. Il est construit selon un plan orthogonal classique et n’a pas encore de fortifications.

 

 

 

Ses murailles, précédées de larges fossés, ne seront élevées qu’après 1376, date des dévastations causées à Montesquieu par le comte d’Armagnac. Le plan montre que les fossés, aujourd’hui remplacés à l’est et au nord par des esplanades, ont recoupé le parcellaire d’origine, réduisant ainsi la superficie habitée. Lors des guerres de religion, au XVIe siècle, ces fortifications permettent à la ville, bastion catholique, de résister aux attaques des Protestants. (cf Les Esplanades – Edition Office de Tourisme)

La bastide et ses fossés du
XIVe siècle

Armes de la ville
(sacristie de l’église)

En 1246, le fondateur de la bastide, Raymond VII, lui donne une charte de coutumes qui fixe les devoirs et les droits des habitants. Comme toutes les bastides du Toulousain, elle est administrée par des consuls choisis parmi les notables. En 1271 c’est le roi qui en devient seigneur, puis c’est le comte de Foix-Béarn pour qui Montesquieu est une étape indispensable sur la route de Foix à Orthez. Avec Henri IV, la ville revient à la couronne jusqu’à la Révolution.

La création de la bastide s’accompagne de la construction d’une grande église à chevet plat à qui on transfère le vocable d’une petite église située en aval en bordure de l’Arize : Saint-Victor, patron des meuniers. (cf  La Halle – Edition Office de Tourisme)

Façade actuelle de l’église

Façade de l’église avant le  XVIe siècle (reconstitution de M.-C.Gunst)

L’édifice abrite une grande nef unique avec chapelles entre les contreforts, selon les normes architecturales du gothique méridional. Elle est à la fois église d’un prieuré du monastère de Lézat et église paroissiale où se tient l’assemblée des habitants. C’est aussi une église fortifiée à un moment où la bastide ne l’est pas encore.

Au milieu du XVIe siècle, la façade est modifiée avec ouverture d’un portail et édification du clocher actuel terminée en 1614.

Quelques années avant la Révolution (1783), la toiture est rabaissée, les murs gouttereaux (latéraux) sont surélevés et les chemins de ronde supprimés. A l’intérieur, une voûte cache la charpente et obture les deux tiers de la rose, qui s’ouvre toujours dans le pignon primitif. (cf  Les Mystères de Saint-Victor et l’Art Baroque dans le Volvestre – Editions Office de Tourisme)

Clocher, mur sud et chevet plat de l’église

Saint-Victor possède deux chefs-d’œuvre : une Mise au tombeau anonyme du XVe siècle en pierre et un tableau du peintre Girodet, élève de David et grand ami de Chateaubriand, représentant le Christ mort soutenu par la Vierge, commandé spécialement pour l’église par Antoine François Bertrand de Moleville. (cf  La Seigneurie de Montesquieu-Volvestre au XVIIIe siècle – Edition Office de Tourisme)

Mise au tombeau
XVe siècle

Girodet, Le Christ mort
soutenu par la Vierge

Montesquieu abritait autrefois un artisanat très actif, en particulier textile. En 1405, la bastide comptait déjà 9 tisserands et 4 foulons. En 1787 il y avait 21 entrepreneurs qui faisaient travailler plus de 4000 tisserands (souvent des paysans), à Montesquieu même et dans les paroisses alentour. L’Arize actionnait des moulins à foulon (ou moulins à batan) et des moulins à blé dont le dernier exemplaire en activité est le moulin de Barrau. (cf  Les Moulins de Montesquieu-Volvestre – Edition Office de Tourisme)

Moulin de Barrau,
côté ouest

Les deux meules anciennes

dans leur riscle

Cavalet de la meule
Saint-Joseph