Martres -Tolosane : une sauveté

Écrit par G. Pradalié 6/04/2012

Comme Montmartre, Martres doit son nom à la présence de tombes chrétiennes très anciennes (martyria) et d’une église paléochrétienne. Elles ont été fouillées, dans les années 1950, par Jean Boube qui a mis au jour notamment plusieurs sarcophages et fragments de sarcophages du VIe siècle de notre ère.

Vue aérienne d’est en ouest

 

 

Sarcophage à décor géométrique

 

Chrisme (alpha et oméga inversés)

Petit côté de sarcophage à décor de pampres

 


Chapiteau romain de la chapelle de Saint-Vidian (provenance Chiragan?)

 

Le village de plan circulaire, quant à lui, remonte au moins au XIe siècle. C’est une sauveté, c’est-à-dire un village construit autour d’une église et sur son cimetière, espace qui bénéficie de la protection de l’Eglise contre les violences du temps (sauveté=lieu d’asile). Les villages circulaires d’Ibos (65), Saint-Martin d’Oydes (09) et bien d’autres dans la région ont la même origine.

L’examen du plan cadastral montre que la sauveté s’est développée en deux temps. Un premier fossé, correspondant à l’actuelle rue du Vieux Martres et à la rue du couvent, délimite le noyau ancien. Un second fossé, à l’emplacement des boulevards actuels, marque l’extension maximum du village au XIVe siècle. Le mur d’enceinte, de construction médiocre, doit être de cette époque.

Le développement concentrique de Martres

Dès le XIe siècle au moins, l’église de Martres est celle d’un prieuré qui appartient à la grande abbaye Saint-Sernin de Toulouse. Les bâtiments du prieuré étaient accolés à l’église, au nord. Il n’en reste que la tour du XIIe siècle qui sert de soubassement au clocher actuel.

La tour du prieuré et le clocher
à gauche tour de l’escalier

La tour du prieuré à l’intérieur :
porte nord du premier étage

A l’ouest, à l’extérieur du premier fossé et sans doute postérieur à la première sauveté, se dresse le donjon des seigneurs laïcs vassaux de Saint-Sernin chargés de renforcer la sécurité des lieux. Comme dans les tours de l’époque, on y accédait par une porte au premier étage; elle s’ouvre à l’est, du côté du village (il y en a une seconde au dessus). La façade nord, aujourd’hui percée d’ouvertures, était aveugle. Ce donjon abrite le musée archéologique.


Le donjon vu du clocher


Porte d’accès au premier étage :
traces d’usure du seuil.

Au XIe siècle, l’église du prieuré est dédiée à sainte Marie. Au fil du temps, l’édifice connaît d’incessantes transformations. Aux églises paléochrétienne et romane découvertes par Jean Boube, succèdent une église gothique (XIIIesiècle ?) puis la grande église actuelle du XVIe siècle, alors que le portail est d’une époque intermédiaire. Les fenêtres aveuglées et les arcs cintrés ou brisés pris dans le mur sud témoignent de certaines de ces transformations.

L’église vue du sud

Chapiteaux du portail (XIVe siècle)

Mur intérieur sud : arcs d’édifices antérieurs

Nef de l’église et chapelles nord

Au nord de la nef, contre la tour du prieuré (aujourd’hui du clocher), s’ouvre la chapelle de Saint-Vidian. Vidian est un personnage mythique, néanmoins patron de l’église et de la paroisse. L’arc d’entrée en plein cintre d’inspiration romane est du XIIIe, la voûte et l’autel de la fin du XVe siècle.

Entrée de la chapelle de Saint-Vidian

Autel de la chapelle

A droite de l’entrée de la chapelle, encastrée dans le mur, une inscription rappelle le décès de Bonet de Laran, sans doute un seigneur de Martres :

An(n)o D(omi)ni 1309 ter-
cia die ante dedicatione(m)
isti(us)ec(c)l(es)ie obiit Bonetus
de Larano cuj(u)s anima
req(u)iescat in pace a(men)
et iacet hic cum Joh(an)a
et Guillelma filiab(us) suis

L’an du seigneur 1309, le troi-
sième jour avant la [fête de la] dédicace
de cette église, est mort Bonet
de Laran. Que son âme
repose
en paix, amen.
Il gît ici avec Jeanne
et Guillelma ses filles.

Inscription funéraire de Bonet de Laran

Pour en savoir plus sur Martres, notre site Volvestre-Patrimoine propose deux autres notices :

Le château de Martres-Tolosane dit château de Thèbe et La pierre de Saint-Vidian à Martres-Tolosane.