Du donjon d’Ausseing au temple de Belbèze-Pédégas
Écrit par Ch. Miramont, G. Pradalié 06-11-2011
Non loin des carrières de Belbèze exploitées dès l’Antiquité, le temple romain de Pédégas et le donjon médiéval d’Ausseing témoignent d’une longue et riche histoire.
A 4 km à l’est de Roquefort/Garonne, Ausseing occupe le centre d’un terroir de défrichement, au pied d’ un éperon calcaire des Petites Pyrénées, où, à 628 m d’altitude, se dressent les ruines d’un modeste château.
A l’ouest du château, l’éperon est barré par un double fossé défensif qui protège le donjon. Celui-ci est un bâtiment rectangulaire de petites dimensions (6 m x 5,2 m) très abîmé, dont il ne reste que quelques assises des murs épais d’environ 1,8 m. L’appareil est fait de gros moellons mal équarris.
Extrait du plan cadastral de 1825 (AD 31) |
Le premier fossé à l’extrême droite le donjon |
Le mur nord du donjon |
Les murs sud et est. |
L’enceinte de la basse-cour |
Ce donjon commande à l’est et au sud à une basse-cour semi-ovale qui était défendue par un mur de 1,2 m. d’épaisseur. Au sud et en contrebas, la présence de larges terrasses laisse penser qu’il y a eu des maisons (peut-être un village haut), et des cultures.
On ne sait de quand date le donjon, mais la rusticité de l’appareil de ses murs autorise à lui donner une date haute (XIe siècle ?). Qui l’a construit ? Sans doute la famille de Coutz dont la seigneurie s’étendait au nord dans la dépression de Montclar-Plagne et dont deux membres entrèrent en 1168 et 1179 chez les Templiers de Montsaunès, avec leurs biens. Ausseing appartiendra à Montsaunès jusqu’à la Révolution.
Du donjon d’Ausseing au temple de Pédégas, le chemin court dans une zone boisée qui dissimule quelques orrys. Ces cabanes de pierres sèches, anciens abris de bergers, renvoient à un paysage ouvert de pâtures bien différent de celui d’aujourd’hui. Un orry |
Sur la commune de Belbèze, Pédégas (nom qui signifie pied du gué) est d’abord le nom du lieu-dit de Pédégas d’en bas, au bord du ruisseau de Junac.
Le temple romain de Pédégas d’en haut, a été découvert par G. Manière qui l’a fouillé de 1965 à 1967. Il domine un chemin qui venu des carrières de Belbèze, exploitées dès l’Antiquité, les reliait à la Garonne, via Pédégas d’en bas à l’est et Balesta à l’ouest.
Coupe géologique simplifiée (Ch. Miramont) |
Il doit aussi son existence à la présence, à 520m d’altitude, d’un point d’eau. Lequel s’explique par des conditions géologiques et hydrologiques particulières : l’eau de pluie qui s’infiltre dans les calcaires de La Roche du Montuet, piégée par deux couches de marnes imperméables, ne trouve d’exutoires que dans des sources de débordement, dont celle de Pédégas. |
Les fouilles de G.Manière ont révélé une occupation dès l’époque gauloise. Le temple, aménagé à la fin du premier siècle de notre ère, se compose à l’ouest du bassin de la source avec sa couverture et son portique à colonnes, de 3 pièces dont une petite cella à l’est avec son vestibule et un autre portique à colonnes. L’ensemble mesure environ 28 m x 8 m.
Plan du temple (d’après G.Manière) |
Le temple en élévation, maquette de J.Tambon, |
Le temple en cours de fouille |
Restes actuels du mur nord (cliché S. Flahaut) |
Ce sanctuaire de source semble avoir été fréquenté jusqu’à la fin du IVe siècle, époque du Christianisme triomphant à qui l’on doit sans aucun doute sa destruction. Le dégagement du bassin de la source, notamment, a livré des autels votifs, dont beaucoup avaient été volontairement brisés, et de nombreux petits pots à offrandes.
Autel votif, h.18 cm |
Autel votif, h.26 cm |
Pots à offrandes, h.4 cm |
Les ruines de ce temple, unique dans la région, aujourd’hui difficiles d’accès, ont servi de carrière de pierres. Elles sont, hélas, en grand état d’abandon.
* au médiéval basse-cour désigne la partie entre la première enceinte et la seconde, refuge pour les populations et leur cheptel