Le Plan, village fortifié

Écrit par P. Demarle et G. Pradalié    22-10-2010

Le village fortifié du Plan date de la guerre de Cent Ans.

La fortification du Plan remonte à 1366, une époque de guerre, guerre de Cent Ans et guerre entre les comtes de Foix et d’Armagnac pour la domination du Midi pyrénéen. En 1355, le Prince Noir fils du roi d’Angleterre a dévasté Carbonne. En 1376, des troupes du comte d’Armagnac ravageront Montesquieu et Gouzens. L’acte de fondation de la nouvelle agglomération évoque ce contexte périlleux : « les ennemis et les pillards … de façon incessante, nuit et jour, ravagent et parcourent notre pays« .

Le Plan-Volvestre (cadastre de 1826)

 

 

Beaucoup de villages ouverts décident alors d’élever des fortifications- refuges appelés « réduits Villageois », nombreux dans la région toulousaine. Au Plan, fait exceptionnel, ce sont deux villages voisins Le Plan et Villefranche qui construisent une fortification commune quadrangulaire et décident de fusionner.

Le village fortifié

 

Les clauses de l’acte de fortification sont très précises : hauteur des murs, emplacement des portes, profondeur des fossés (10 m !), largeur des rues, etc., tout est prévu. Il est aussi prévu que les maisons de Villefranche seront abattues (sans doute pour ne pas servir d’abri aux « ennemis »), remplacées par des jardins et que leurs habitants seront accueillis dans le secteur ouest de l’enceinte.

Cette enceinte protègera Le Plan au moment des guerres de religion. Dans la période 1565-1590, Le Plan et Saint-Christaud sont sous la menace des protestants du Mas d’Azil. A deux reprises, en 1568 et 1574, le village accueille même une garnison, mais il ne fait jamais l’objet d’une attaque ou d’un siège.

Porte de la Bastide (ou de Villefranche)

Porte de la Bastide vue de l’intérieur vers 1950

En 1366, la fusion des deux villages s’accompagne d’une nouvelle situation seigneuriale. Les coseigneurs du Plan, dont le comte de Comminges, et les coseigneurs de Villefranche, dont le seigneur de Montberaud, se partagent les revenus seigneuriaux que perçoivent deux bayles, un pour chaque coseigneurie. On égalise aussi les deux administrations municipales : Le Plan garde ses deux consuls, Villefranche qui en avait quatre n’en a plus que deux. Soit au total quatre consuls pour le nouveau village.

Blasons (martelés) des coseigneurs de Villefranche

 

 

 

 

Il est également décidé la construction d’une Maison de Ville au croisement de deux grandes rues. Le bâtiment s’élève bientôt sur des piliers de bois et sert aussi de halle avec ses mesures à céréales. Il s’écroule en 1846. La halle actuelle, en pierre de Furne, est élevée en 1887/1888.

La halle actuelle

 

 

Après 1366, le besoin d’une église commune se fait sentir. L’église paroissiale Saint-Martin trop éloignée (aux Mandillets) est doublée, au Plan même, par une nouvelle église dont l’autel n’est consacré qu’en 1390. Cet édifice est moins large, moins haut et moins profond que l’église actuelle. A l’est, son chevet s’intègre sans doute à la fortification.

L’église

Détourage de la façade de la première église

Vers 1500, l’église est élargie, surélevée et surtout prolongée vers l’est, au-delà du rempart. La construction d’un nouveau chevet se heurtant à la difficulté d’un important dénivelé jusqu’à la Boussège,  il faut construire une crypte pour le supporter. La surélévation du clocher est plus tardive et contemporaine des premières menaces protestantes (1567).

Elévation sud de l’église

Coupe sud de l’église

Christ XIVe Vierge XIVe

Le Plan ne possède longtemps que deux ponts en bois, périodiquement emportés par les crues du Volp. Le pont dit de Saint-Cyprien et le pont de Bouhous ne sont construits en pierre qu’en 1745 et 1862.

 

Le pont à trois arches (vers 1900)

Il a aussi trois moulins : le moulin d’en haut, appelé aussi moulin de Martres du nom de son propriétaire noble qui résidait à Latour ; le moulin de la ville devenu scierie en 1919 et le moulin du pont de Bouhous détruit en 1842.

 

 

 

 

                                       Le couvent et sa chapelle