La forêt de Sainte-Croix-Volvestre

Écrit par Axel Martin Jensen    09-11-2008

La forêt de Sainte-Croix occupe une superficie d’environ 300 hectares.

Elle offre, sur un sol gréseux (grès de Labarre) et donc sablonneux et frais, et à une altitude d’environ 350 m, une grande variété d’arbres : sapin pectiné, pin sylvestre (introduit en 1855), chêne sessile, hêtre, châtaignier, etc. Sa richesse mycologique est exceptionnelle : plus de 830 variétés de champignons y ont été recensées.

La présence du sapin dans sa partie centrale et à cette altitude, alors qu’il pousse habituellement entre 1300 et 1800 m, est une énigme. La thèse la plus commune est qu’il serait une relique endémique de l’époque interglaciaire et se serait maintenu grâce à la fraîcheur du sol et à un micro-climat particulier. Le châtaignier, qui se plaît sur sol gréseux, lui est associé. Cette association, sans doute antérieure à l’époque historique, semble naturelle. Mais faute de tourbières et de pollens fossiles à analyser, les scientifiques restent prudents quant au lointain passé du châtaignier et du sapin en Volvestre.

Au Moyen Age, la forêt appartint d’abord à la famille de Tersac-Gensac qui la donna en 1263 au prieuré féminin de Sainte-Croix. En 1667, elle reçut la visite de Louis de Froidour, Grand maître des eaux et forêts de Louis XIV, à la recherche de grands arbres pour les besoins de la marine royale. Les religieuses la conservèrent jusqu’à la Révolution. Elle devint alors propriété publique. L’Etat la vendit en 1853, une partie étant acquise par la commune. En 1970, celle-ci a revendu sa part à l’Etat qui en possède désormais environ 104 ha, le reste appartenant à des particuliers.

La sapinière de la partie privée semble avoir été traitée depuis des siècles en futaie jardinée mixte, c’est-à-dire avec des arbres d’âges différents et d’essences différentes.  Les feuillus qui accompagnent les sapins sont principalement des chênes et des châtaigniers, secondairement  des hêtres, charmes, érables, etc. La régénération de toutes ces essences se fait bien et ce traitement assure la biodiversité de manière durable.

Depuis un siècle et demi, la mise en valeur de la forêt domaniale, un temps communale, a connu beaucoup d’hésitations, entre futaie jardinée (peuplement d’arbres d’âges différents) et futaie régulière (peuplement d’arbres de même âge). C’est qu’il n’existe pas un seul traitement valable pour l’ensemble des essences : ainsi la futaie régulière ne semble pas assurer le renouvellement des sapins, au contraire des pins. Par ailleurs, dans les années 1952-1962, l’O.N.F. a privilégié les résineux à croissance rapide pour la fourniture de pâte à papier. Aujourd’hui, on en revient aux feuillus et à un plus grand respect de la biodiversité : en 1996, une partie de la sapinière domaniale a été interdite de toute intervention forestière pour préserver sa richesse mycologique.


Futaie jardinée mixte de : sapin, châtaignier, chêne et hêtre.

Futaie régulière de pin sylvestre
avec quelques châtaigniers en bordure.

 

Il n’était que temps. Avec le réchauffement climatique, la forêt de Sainte-Croix, et en particulier le sapin du Volvestre, risquent de connaître des moments difficiles.