La Garonne et la voie romaine
Écrit par P. Sillières 01-04-2009
A l’époque romaine, la Garonne et la voie de la rive gauche étaient complémentaires.
Il y a 2000 ans, Strabon, géographe grec, signale que la Garonne est navigable sur 2000 stades, soit 370 km (Géographie, IV,2,1). De fait, elle le sera jusqu’au XIXe siècle, du confluent avec le Salat jusqu’au Bec d’Ambès.
De la navigation sur la Garonne à l’époque romaine, on a peu de traces. On pense que Saint-Bertrand (Lugdunum Convenarum) avait un port à l’extrémité nord de son cardo, la grande rue sud-nord, mais on n’a pas fouillé l’endroit où il pouvait se trouver. Deux entrepôts, identifiés par la présence d’amphores, ont été localisés à Boussens. Il devait y avoir aussi des appontements tout au long du fleuve pour desservir les villae (ex.Chiragan) qui le bordaient, et écouler leur production agricole vers Toulouse.
La Garonne semblait en effet au service de la grande ville. Du haut-pays, sur des radeaux formés de troncs d’arbres liés entre eux, descendaient le marbre de Saint-Béat, le calcaire de Belbèze, des briques et des tuiles dont on a retrouvé des lieux de fabrication à Couladère.
Four de tuilier (Couladère) |
Tuiles romaines (tegulae) |
En revanche , on ne sait rien des bateaux sans doute à fond plat qui descendaient, et peut-être remontaient le fleuve. Celui-ci devait être très dangereux, même si son lit n’était pas encore barré par des chaussées de moulins, comme à l’époque moderne (voir sur ce site Robert Foch : Cazères et la Garonne). Le fleuve n’étant pas navigable en période de basses eaux, d’août à novembre, la route pouvait prendre le relais.
La route Saint-Bertrand–Toulouse était un tronçon de la route Dax–Toulouse, d’après l’Itinéraire d’Antonin, document du 4e siècle après J.C. Elle longeait le fleuve à distance sur sa rive gauche et sur le bord supérieur de la première terrasse. G. Fouet l’a retrouvée à Mancioux : la coupe qu’il en a faite montre un hérisson de pierres surmonté d’une bande de roulement.
Elle était jalonnée de bornes milliaires, assez nombreuses dans le secteur de Saint-Bertrand, et de petites agglomérations : Calagurris ( Saint-Martory ), Aquae Siccae ( Saint-Cizy ), Vernosole ( Ox, à l’ouest de Muret), etc…
Le fleuve et la voie
Coupe de la voie à Mancioux
Le transport par voie de terre étant beaucoup plus cher que le transport fluvial, cette route devait servir surtout à la circulation des hommes, en particulier les fonctionnaires et messagers, qui utilisaient les voitures de la Poste Impériale, mais aussi les voyageurs et les marchands qui disposaient de différents types de chariots, le plus rapide étant le cisium, sorte de cabriolet tiré par deux chevaux.