Le Château de Martres-Tolosane dit château de Thèbe
Écrit par B. Pauly et S. Hublard 26-03-2007
Le château de Martres et son jardin sont en cours de restauration.
Il se dresse à 1 km au nord-ouest de Martres, sur la terrasse de la Garonne, en bordure de la route de Marignac-Laspeyres.
La façade
Une longue histoire
Ses plus anciennes mentions remontent au XVIe siècle. Il était alors à la tête d’une seigneurie appelée Saint-Martin-les-Martres qui fut vendue en 1572 à Roger de Sarrieu, fils cadet d’un seigneur d’Izaut. Ce personnage était un chef militaire, impliqué dans les guerres de religion et capitaine en 1576 du château d’Aurignac. Son gisant de l’église de Martres le représente en armure.
Gisant de Roger de Sarrie
En 1572, il avait aussi épousé Louise de Villemur d’une grande famille du comté de Foix qui apporta la baronnie de Saint-Paul (au sud de Foix) et la seigneurie de Maurand à ses deux fils, Henri puis François de Sarrieu.
A la mort sans descendance de ce dernier en 1633, le château passa à la branche aînée des Sarrieu qui étaient aussi seigneurs de Castelbiague (au sud de Salies-du-Salat), en la personne de Guy de Sarrieu époux de Jeanne de la Tour de Landorthe dont les armes figurent sur la grille du perron du château.
La grille du perron |
Ces nouveaux venus (entre 1633 et 1647) pourraient être les bâtisseurs du château actuel. Leurs descendants porteront les titres de seigneurs de Martres et de Castelbiague jusqu’à la Révolution. |
En 1809, le château et ses terres (200 ha) furent vendus pour 100.000 francs-or à Pierre-Bernardin Thèbe (1768-1832). Ce personnage, né à Villeneuve-de-Rivière, avait été envoyé avant la Révolution, à 16 ans, auprès d’un oncle qui avait créé à la Guadeloupe une affaire de négoce de draps. Doué pour le commerce, il avait développé ses activités tout d’abord aux Antilles puis aux U.S.A. dont il acquit la nationalité.
Tout au cours du XIXe siècle, ses descendants, délaissant le négoce, privilégièrent l’exploitation agricole du château (une des premières machines à vapeurde la région y fit son apparition) et notamment son vignoble dont témoignent les foudres du chais. L’aménagement et la décoration intérieure actuelle sont leur oeuvre. |
Le château reste le centre de gravité de la famille Thèbe dont Louise Thèbe (1902-1983), héroïne discrète et modeste, fut distinguée du titre de Juste, en reconnaissance de sa conduite et de son action pendant la Seconde guerre mondiale. En ce début du XXIe siècle la destinée de cette demeure est entre les mains de douze associés représentant trois générations de descendants Thèbe animés de la volonté de préserver, d’ouvrir et de faire de ce lieu un pont vers le futur.
Un château peut en cacher un autre
Le bâtiment a la forme d’un grand rectangle. Il est flanqué de quatre tours d’angle carrées. Sa façade tournée vers le sud-est, un peu sévère, est un modèle de symétrie et d’unité, avec son perron central surélevé qui dessert le premier étage et les autres niveaux habitables, avec ses hautes baies et ses élégantes lucarnes.
La lucarne centrale |
La cheminée de la cuisine ouest |
Le rez-de-chaussée abrite deux cuisines, l’une à l’est, l’autre à l’ouest. Celle-ci, avec sa cheminée de pierre et son four à pain contigu, s’inscrit dans les murs épais d’un petit château antérieur, celui de 1572, qui a été englobé et intégré dans la construction du XVIIe siècle.
La tour du Nord-ouest |
Dans les tours d’angle, des meurtrières pivotantes rappellent celles du château de Castelbiague, dont le seigneur devint aussi vers 1640 celui de Martres.Une meurtrière pivotante |
Il ne faut pas leur attribuer une grande valeur militaire, pas plus qu’aux douves ou à la petite tour circulaire du nord-ouest.
Un jardin historique restitué
Vers 1640-1650, les troubles religieux qui avaient agité la région s’étaient apaisés, et le château nouveau était surtout conçu comme une résidence agréable et de prestige, avec ses vergers et son jardin.Sur un plan quelque peu fantaisiste de 1716, le chasteau de Marignac est précédé au sud d’un grand jardin parcouru par une allée centrale.
Plan de 1716
Sur un autre plan de 1809, levé à l’occasion de l’achat du château par Pierre Bernardin Thèbe, figurent deux vergers situés de part et d’autre de cette allée et un jardin, beaucoup plus vaste, organisé en carrés potager entourés d’arbres palissés. On peut estimer que cette organisation date de 1750. Y sont répertoriées plus de 250 variétés d’arbres fruitiers avec une forte dominance des poiriers et des pêchers. Si la localisation des vergers est facile à retrouver, la mémoire collective, en particulier familiale, n’a pas gardé trace de l’emplacement du jardin. L’observation et la configuration des parcelles portent cependant à le situer face à la façade principale entre la douve et le pigeonnier. Des sondages devraient confirmer cette thèse.
L’association du Château Thèbe de Martres-Tolosane (ACTMT) oeuvrant en réseau avec l’association des Vergers Retrouvés du Comminges mène un projet de restitution des vergers à partir des plans. Le Conservatoire Fruitier d’Aquitaine et le Potager du Roi de Versailles lui apportent leur soutien technique. Si certaines variétés peuvent être considérées comme « courantes » de nos jours, d’autres relèvent de la catégorie « collection ». La quête des spécimens « rares» est ouverte.
Dans le double objectif d’associer toutes les personnes intéressées par la restitution d’un jardin historique et de sauvegarder les variétés au fur et à mesure de leur acquisition, un système de parrainage à été mis en place : le parrain finance pour une somme forfaitaire l’acquisition d’un spécimen et ce dernier est immédiatement greffé en double dont l’un est installé dans le jardin du parrain. En cas de perte de l’un d’eux, on peut opérer une nouvelle greffe à partir du spécimen restant et effectuer le réassortiment du plant défaillant.
Parrainer un arbre, c’est contribuer au maintien d’un patrimoine fruitier précieux et s’associer de façon intime à un projet de restitution historique d’un jardin unique en Comminges.
Contacts :
Association Château Thèbe de Martres-Tolosane, 05 61 98 80 26
Les Vergers Retrouvés du Comminges, 05 61 95 68 1