Salies-du-Salat et son château

Écrit par G. Pradalié, Cl.Rigal 20-05-2012

La colline d’ophite qui domine Salies-du-Salat a porté un grand château des comtes de Comminges

Mais l’origine de Salies (Salinas) est à chercher dans le secteur des sources d’eau salée, près de l’église Saint-Pierre aujourd’hui disparue (et remplacée par une chapelle funéraire) et de son cimetière englobé dans le cimetière actuel. Des fouilles ont révélé qu’elles avaient été exploitées, pour la production de sel, de l’âge du bronze (2e millénaire avant notre ère) jusqu’au Moyen âge. A l’époque romaine, il y aurait eu aussi des thermes  à l’emplacement du collège des Trois Vallées.

Après l’an Mil (au XIIe siècle ?), le centre de gravité de l’occupation humaine se déplace vers un nouveau pôle : la colline du château des comtes de Comminges. Sa plate-forme, inclinée vers l’est, garde les vestiges d’aménagements successifs.

« Eglise Saint-Pierre ruinée » (cadastre 1825 AD31)

Plateforme du château

(Aménagements et vestiges)

A l’entrée ouest du site, sur la gauche, se dresse une petite plate-forme arrondie, elle aussi protégée par un mur. Il s’agit, soit d’une première motte castrale arasée (et donc de l’emplacement d’un premier château), soit d’une basse-cour du château actuel qu’un fossé aurait isolée après-coup.

Le château comtal comprend d’abord un donjon perché sur sa motte artificielle. C’est un édifice rectangulaire (7,25 x 5,75 m), aux murs épais à la base (plus d’1m 40), autrefois divisé en plusieurs niveaux de planchers. A l’origine, on y accédait au nord par une porte qui desservait le premier étage ; cette porte murée a été remplacée, au même niveau, par une porte à l’est. L’appareil des murs peu soigné, sauf aux angles, en fait un édifice du XIIIe siècle.

Le donjon vu de l’est

L’ensemble du site vu du nord
(cliché D. Quettier)

La motte est entourée sur trois côtés par un fossé qu’un pont-levis permettait de franchir au sud. Dans les années 1970, une « fouille » a montré qu’elle était aussi couronnée par une enceinte de forme semi-circulaire, à l’intérieur de laquelle des murs délimitent un ensemble de petites pièces. La mauvaise qualité de la « fouille » n’a pas permis de les dater de façon précise, mais leur occupation, en particulier par un atelier monétaire, ne semble pas dépasser le milieu du XVe siècle.

A proximité de la motte, parallèles au fossé qui barre la colline à l’ouest, les murs d’un bâtiment rectangulaire long de plus de 30 m ont été en partie dégagés. Sa destination n’est pas connue. Mais il pourrait s’agir de la « salle » du château, c’est à dire de la résidence comtale. A l’est de ce grand bâtiment et jusqu’à la muraille qui domine la ville basse, il semble y avoir eu un habitat que seule une fouille permettrait de connaître.

Eglise du château vue du village

Eglise du château, intérieur mur nord

Au sud-est de la colline s’élèvent les ruines d’une église du XIVe siècle qu’on appelle encore la chapelle du château. Elle était voûtée. L’examen de la façade et du mur-clocher montre qu’un édifice d’époque romane (sinon deux), l’a précédé. Il était plus étroit : on en a retrouvé le chevet droit à l’intérieur du chevet actuel.

Autrefois, avant l’édification du remblai de la voie ferrée Boussens-Saint-Girons qui l’a rejeté vers l’est, le Salat venait lécher le pied de la colline, le menaçant de ses colères, ce qui laissait peu de place pour un habitat. Aussi celui-ci s’est-il organisé de façon linéaire le long des actuelles rues Compans et de la République.

 

Le Salat et Salies vers 1820 (cadastre 1825 AD31)
1 Eglise du château                2 Eglise Notre-Dame

3 Halle aux grains                 4 Halle des marchands
5 Couvent de la Merci

Le Salat et Salies vers 1860
Un quai borde le Salat.

A gauche, Halle au grain.
Au dessus du village, église et muraille est du château

L’église Notre-Dame qui remplace peut-être, dès son apparition, l’église Saint-Pierre dans sa fonction paroissiale, remonte à la fin du XVe siècle.

Eglise Notre-Dame : choeur

Fonts baptismaux

L’insécurité que fait peser dans les années 1570-1580 le danger protestant, à partir du Haut-Salat, explique sans doute la fortification de la ville basse et la construction d’une porte sur le chemin qui la relie au château à l’est. A moins qu’elles ne soient antérieures.

Porte est du château au-dessus du village

En revanche, la Halle aux grains avec ses mesures en pierre et la Halle des marchands avec ses bancs également en pierre sont des édifices plus récents.

Halle des marchands. Chapiteau (réemploi)

Halle aux grains, mesures. (Cliché Cl. Rigal)